Finistère : randonnée à la pointe du raz sur le GR34
Il y a deux ans, après notre retour en France, j’avais profité de l’été pour tenir une promesse à mon père : randonner en Bretagne avec lui.
On a décidé de remettre ça cette année, mais cette fois-ci on part à la pointe du Raz, dans le Finistère sud. Mon père a depuis quelques temps bouclé une bonne partie du GR34 au nord. On privilégie donc le sud pour pouvoir en profiter un maximum tous les deux. Même si dans le fond, ce qui compte réellement, ce sont les moments ensemble plutôt que les endroits visités.
Plogoff pour base de lancement
Je pars donc seul, en abandonnant femme et enfant derrière moi un vendredi soir. Je rejoins mon père dans le centre de Quimper, où l’on reste prendre une bonne galette, avant de filer jusque Plogoff. Au départ, je pensais camper au moins une nuit sur les deux. Mais en Bretagne, en Octobre, il vaut mieux rester prudent ! On a donc opté pour se loger dans la maison d’hôte « Béthany », chez Maurice et Régine. Si vous avez besoin d’un endroit où passer la nuit dans les environs, vous pouvez aller chez eux sereinement.
Ils sont hyper accueillants et prévenants, et en plus ils nous font des crêpes et des gâteaux faits maison au petit-déj. Leur gros chien, Eutch, et leur chat, Milka, sont tout aussi adorables.
Pors Loubous : le sentier du GR34
A notre réveil, nous sommes un peu déçus par la météo, mais on savait que pour aujourd’hui ce serait de la pluie toute la journée… Après un bon petit repas, nous sommes malgré tout fins prêts à attaquer la rando du jour, en rejoignant Pors Loubous depuis Plogoff à pied. Ce n’est pas une fine pluie d’automne qui va arrêter deux aventuriers bretons 🙂
Pors Loubous, c’est un petit port installé dans une anse naturelle de la côte. On venait y mouiller pour remonter les fruits de la pêche et le goémon. Et pendant la seconde guerre mondiale, il servait aussi à la résistance. C’est donc pour notre tandem le retour sur le GR34 après 2 ans d’attente !
Pluie et randonnée
On ne vas pas se mentir, on aurait préféré avoir un beau et grand ciel bleu pour cette journée. Mais comme je le dis parfois : « il n’y a pas de mauvaise météo, juste un mauvais équipement ». Alors dans notre malheur, nous avons un peu de chance :
- Il n’y a pas de vent, donc on prend l’eau, mais nous n’avons pas froid. Du coup, aucune gêne pour avancer même avec des chaussures détrempées
- Les couleurs du ciel gris, de la mer bleu foncée, de la bruyère et des fougères rouges/marrons, et des ajoncs verts se marient à merveille
Du coup, je n’ose pas sortir l’appareil photo, mon smartphone suffira, mais je trouve que les couleurs donnent un certain charme aux photos ! Il faudra que j’envisage sérieusement un petit compact pour ce genre de contexte à l’avenir. Ça peut être une bonne solution intermédiaire.
Le GR34, sentier côtier mythique
Ainsi même par temps de pluie, on profite à fond du sentier côtier. Quel régal d’avoir un tel parcours le long de nos côtes bretonnes ! On se sent vraiment chanceux. Et les escargots aussi, qui sont les plus heureux par ce temps. Bon du coup on doit faire gaffe à ne pas les écraser tellement ils sont nombreux…
Le long du chemin, on trouve plusieurs fontaines. Que ce soit pour y prendre de l’eau pour boire ou pour laver le linge, il y avait dans les environs pas mal de ces points d’eau. Aujourd’hui, ils sont encore bien conservés pour le plaisir des randonneurs.
De même, on passe par beaucoup de criques ou d’anses, qui permettent aux bateaux de venir mouiller et faire une pause à l’abri du gros temps.
Pointe du Raz, notre premier objectif
Après 3h0 de marche et 10 kilomètres, nous voilà enfin arrivés à la Pointe du Raz ! Finalement cela s’est déroulé assez facilement.
La seule difficulté aura été la pluie, et surtout certains passages dans de hautes fougères où nos chaussures se sont littéralement transformées en petits lacs… Mais comme nous n’avons pas eu de vent jusque là, on a pu continuer notre chemin. D’ailleurs, le vent commence à se lever. Alors on profite un peu de la Pointe, puis on se met à faire demi-tour jusqu’au restaurant en amont.
Sur la Pointe du Raz, vous pourrez profiter du sémaphore et du monument en l’honneur de Notre-Dame des naufragés. Et par temps clair, vous pouvez voir assez loin, jusque l’ile de Sein et les différents phares. Bon aujourd’hui, je ne vous cache pas qu’on ne voit pas tout… Mais comme on attend du soleil pour le lendemain, on repassera surement avec la voiture.
Après un bon déjeuner au restaurant « Au bout du Monde », on commence à douter de notre capacité à faire plus aujourd’hui. On prend un peu le temps de discuter avec les patrons, et ils semblent assez peu confiants pour la suite de notre journée.
Et ils n’auront pas tort malheureusement… Le vent s’est vraiment levé, et additionné à la pluie, cela devient un vrai calvaire de progresser vers la Baie des trépassés, qui était notre seconde étape. Les bourrasques se multiplient et gagnent en intensité, alors on prend la sage décision de rentrer tout droit, par la route, jusqu’à notre maison d’hôte. La Baie attendra demain ! Au total, on aura donc marché pendant 4h, sur 14km.
Audierne, ville de marins ! enfin, de marins retraités…
Une fois lavés, séchés, et vêtus de vêtements secs, on décide d’aller profiter de la fin de la journée au port d’Audierne. Ce port situé sur la rivière du Goyen, dessert l’ile de Sein. On ne s’avait pas trop à quoi s’attendre en venant ici, mais on a passé une soirée mémorable !
A peine arrivés, on retrouve les propriétaires du Bout du Monde, dans un état très très joyeux ! Le patron, qui est un ancien marin, nous invite à la rejoindre au bar. On préfère lui dire que l’on va un peu déambuler au port d’abord. De là, on croisera la route de personnes ayant du commencer leur apéro un peu trop tôt également, ou alors la houle s’est soudainement emparé de tout Audierne.
Une fois notre petite balade finie, on se dirige à notre tour vers le pub le plus proche. Visiblement, on a bien choisi, car l’ambiance est chaleureuse, et la déco très « marine » nous immerge totalement dans notre environnement. Le patron, lui aussi un ancien marin, tangue derrière son bar, mais nous fait passer un très bon moment !
Notre bonne bière avalée, on est allé au restaurant « Ceve » pour se remplir la panse. Un super resto ! La patronne et son mari font une très bonne cuisine, dans une super déco. On a adoré ce restaurant, et leur burger végétarien est à tomber !
Là encore, je crois que l’on a du croiser de nombreux ex-marins, car l’alcool avait frappé fort ! Entre petit Guy, un médecin et son chien (qui partagent la même coiffure…), et grand Jo et son ami, on nous a offert un très bon spectacle.
Il me semble que c’est la première fois que je vois une ville où la moitié des habitants titubent… Bon, on est samedi soir, et au bout du monde, je pense que ça se comprend. En tout cas, nous, on a adoré Audierne 🙂
2e jour de trek : la baie des trépassés
Au matin du second jour, il fait un grand et beau soleil ! Nous allons pouvoir sortir plus facilement aujourd’hui. Après un nouveau bon petit-déjeuner chez Momo et Régine, on leur fait nos adieux, puis on part garer la voiture sur un parking avoisinant la Pointe du Castel Meur.
Pour ce jour, nous partons de ce parking, pour revenir dans le creux des terres jusqu’à la Baie des trépassés, avant de finir par le retour le long de la côte et du GR34. Le début de notre itinéraire nous fait passer entre les champs, en descendant tranquillement vers la Chapelle Saint Tugdual du village de Trouzent. Cette chapelle, bâtie au 18e siècle, était supposée attirer les faveurs de Tugdual pour que le vent se lève et fasse tourner les moulins de la région.
A côté, nous trouvons une nouvelle fontaine et son lavoir, qui visiblement ne servent plus aujourd’hui, mais sont toujours bien entretenus.
Etang de Laoual et retraite au calme
Notre chemin nous fait ensuite remonter les coteaux jusque Kertanguy, puis nous arrivons à Kergioc’h, où nous arrivons à un vieux corps de ferme. L’endroit est à 80% en ruines, mais le lieu est superbe ! On s’imagine le temps qu’il faudrait pour tout rénover avec mon père, et au domaine magnifique que cela pourrait être une fois fini.
A quelques mètres de là se trouvent deux moutons, de la race d’Ouessant. Apparemment, c’est le plus petit mouton du Monde ! Ils ont l’ait habitués de voir des touristes en tout cas. Je me rappelle qu’en Nouvelle-Zélande, les moutons semblaient nous fuir comme la peste…
Un peu plus loin, on arrive sur un point du vue assez haut pour nous permettre de voir l’étang de Laoual, au fond du creux. On a pas trouvé d’accès pour y aller, mais notre recherche n’a pas non plus été très intense. A côté de là, nous attendait un site bien plus impressionnant !
La Baie des trépassés
Nous y voilà enfin ! Cette plage qui n’avait pas voulu de nous la veille nous ouvre enfin ses bras, et comble du bonheur, nous sommes seuls !
Enfin, pas très longtemps… Mais l’immensité de cette plage est incroyable, et il nous faut un peu de temps pour la parcourir d’abord jusque la mer, puis d’un bout à l’autre.
Sur notre gauche, la pointe du Raz, l’ile de Sein et le phare de la Vieille. Sur la droite, le port du Vorlen se cache derrière la montée que dessine le GR34.
Il y a deux ans, nous nous étions baignés avec mon père lors de notre sortie. Autant vous dire que ce n’était pas le cas cette année ! Le vent souffle, les vagues sont assez fortes, et la température de l’eau est glaciale. Du coup, on se contente de marcher le long de l’eau, en profitant du spectacle offert par les mouettes et les goélands.
Du Vorlen jusqu’à la pointe du Van
Une fois repartis à l’assaut du sentier côtier, nous montons sec direction le port de Vorlen. Ce petit port à l’abri dans une anse a conservé son embarcadère et sa cale datant de 1892. Visiblement, seuls les derniers pêcheurs à la ligne l’utilisent aujourd’hui. On apprend de plus qu’un dauphin avait ses habitudes ici jusqu’à la fin du 20e siècle.
En poursuivant notre chemin jusqu’à la point du Van, nous croisons une nouvelle fontaine (datant de 1680), non loin de la Chapelle Saint They. Une jolie petit chapelle, qui n’en est pas à sa première version. Cet édifice, entouré d’un enclos de pierre, fut par le passé plus près du bord de la falaise. Mais les habitants craignant que la mer et le vent n’érode la falaise et la chapelle avec, ils ont à plusieurs reprises reconstruit le bâtiment plus en arrière.
Nous voici maintenant à la point du Van, moins célèbre que sa voisine du Raz. Pourtant, outre le vent qui souffle fort, on peut apercevoir au nord le Cap de la Chèvre, sur la presqu’ile de Crozon. Et en regardant vers l’est, nous voyons par ce ciel dégagé la pointe de Castel Meur, notre objectif.
Castel Meur, objectif final
La suite du GR34 nous fait serpenter le long de la côte, avec en ligne de mire Castel Meur. Le chemin est vraiment très très beau, et toujours assez vert malgré la saison qui change. Nous sommes un peu gênés par le vent, mais rien de bien compromettant.
Après un total de 11,25Km en 3h17 de marche, nous sommes arrivés à la pointe. On en profite pour aller tout au bout (ce qui représente encore quelques minutes d’effort…). Et là, on se cache derrière les rochers pour déjeuner à l’abri du vent. L’endroit est vraiment super, et nous sommes seuls pour en profiter.
Et voilà, notre weekend entre père et fils touche à sa fin. Sur les dernières kilomètres, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon fils, et à la possibilité un jour, de faire ces sorties à trois. Je suis même parti à imiter mon fils, plus vieux, parlant avec son grand-père. On s’amuse comme on peut pour rendre les derniers pas moins durs 🙂